Laureline Monsallier, Maison Papille

Peux-tu nous présenter ton activité en quelques mots et ce qu’est le batch cooking ?

Maison Papille propose les services d’un cuisinier à domicile pour les repas du quotidien des seniors. En d’autres termes, c’est un service de batchcooking réalisé par un chef. Le terme « batchcooking » provient des pays anglophones et se traduit par “cuisiner en lots”. Très concrètement, il s’agit d’une méthode de cuisine qui consiste à préparer à l’avance les repas de la semaine afin de gagner du temps.

A travers ce service, nous offrons une alternative au portage de repas à domicile tout en assurant la présence hebdomadaire d’un chef, dont la mission est de concocter en une session de quelques heures des repas équilibrés pour la semaine. L’objectif est d’aider nos clients à s’épanouir à la maison en les soulageant ou en les accompagnant dans la préparation des repas, leur redonner le plaisir de manger pour certains et de manger mieux pour d’autres. Le client pourra participer à l’élaboration des repas avec le chef dans un objectif de maintien d’une pratique culinaire régulière et afin de ne pas accélérer la perte d’autonomie.

Je souhaite via Maison Papille créer une communauté de chefs investis dans un objectif commun de lutte contre la dénutrition et l’isolement des personnes âgées.

Quel est ton parcours et comment as-tu eu l’idée de lancer Maison Papille ?  

Il faut retourner en avril 2020 en pleine période de confinement. J’ai été touchée par la situation des personnes âgées et l’isolement auquel ils ont pu faire face pour certains et particulièrement le cas de ma grand mère qui vivait seule chez elle dans un petit appartement de Lyon et qui se faisait livrer les courses. Pourtant gourmande, la préparation des repas a vite été une corvée et non plus un plaisir et semaines après semaines, Mamy a perdu le plaisir de manger ce qui a eu des conséquences sur sa mémoire.

Ayant travaillé quelques années au marketing d’une entreprise agro alimentaire, je suis intimement convaincue qu’il y a une étroite relation entre ce que nous mangeons et ce que nous sommes et les conséquences à long terme que peut avoir une alimentation non adaptée.

Afin d’aider ma grand mère à retrouver le plaisir de manger, j’ai décidé de créer un blog de cuisine avec des recettes simples, gourmandes et facilement réalisables avec peu de matériel de cuisine. J’ai ensuite suivi une formation en nutrition qui m’a confortée dans l’idée de continuer cette mission de lutte contre la dénutrition et l’isolement et d’en faire mon métier.

Comment choisis-tu les menus réalisés chaque semaine ?  

Grâce à mon diplôme de nutrition, je suis en mesure d’établir des plans de repas à la semaine. Je fais attention à intégrer du poisson une à deux fois par semaine, de la viande rouge, de la viande blanche, des plats végétariens complets etc. Je privilégie bien sûr les fruits et légumes de saison.

Le principe du batch cooking est d’optimiser l’utilisation des produits en réalisant des recettes différentes avec un même produit. Ex : la courge sous forme rôtie avec une viande et des céréales, en purée avec de la pomme de terre, en velouté avec des marrons. Je réfléchis à la conception des menus autour de quelques produits et des différents apports nutritionnels nécessaires.

Tu mets en avant l’aspect social que recouvre la cuisine, selon toi comment peut-elle aider à tisser du lien ?

La cuisine a toujours été pour moi un moment de partage, un moment de convivialité, un moment précieux en famille. La création de ce service mêle une passion et une envie de créer du lien social à travers cette passion. Selon moi, c’est à travers la cuisine que se tissent les liens sociaux les plus fondamentaux. Aussi, l’estime de soi est très liée à la capacité à s’occuper de soi, à se nourrir. Finalement, manger qu’est ce que c’est ? C’est prendre soin de soi ou se rendre compte que d’autres prennent soin de nous. A l’inverse, manger peut être un signe de négligence, la sensation d’être négligé, une manière d’exprimer à son entourage sa détresse.

A travers ce service, j’aide des personnes à domicile à retrouver le plaisir de cuisiner, à prendre soin de soi et de son entourage. Je suis convaincue qu’à travers la présence d’un chef, les personnes âgées mangent également pour faire plaisir au chef (contrairement au portage de repas où les repas sont livrés parfois sur le pas de la porte), tout cela dans une relation à la nourriture qui devient personnalisée, en signe de reconnaissance de l’attention qui leur ait portée. Manger finalement c’est se sentir exister !

Tu as participé à la League Des Entrepreneurs, une formation sur le thème de l’entrepreneuriat co-construite par Pôle Emploi et l’Oasis Coworking. Qu’est-ce que tu en a retenu et d’après toi quels ont été les plus gros défis que tu as dû relever en tant qu’entrepreneure?

Je remercie vivement l’Oasis Coworking pour l’organisation de cette formation et Pôle Emploi pour me l’avoir fait connaître. Comparé à d’autres formations, nous rentrons dans le vif du sujet en prenant nos projets respectifs comme exemple. Les temps d’ateliers sont très importants car ils nous permettent d’échanger avec d’autres entrepreneurs qui ont ou ont eu les mêmes problématiques. Chacun apporte son expertise sur les différents sujets et c’est très enrichissant.

Le plus compliqué en tant qu’entrepreneur c’est de se sentir seule dans son quotidien et on se retrouve parfois démunie. Se rencontrer, échanger, partager, débattre nous permet de prendre du recul sur nos projets. Cette formation m’a confortée dans ma posture d’entrepreneure et chef d’entreprise mais également sur les directions que je voulais prendre. Mon plus gros défi encore aujourd’hui c’est de se retrouver seule en bas de cette montagne. On se demande comment se frayer le bon chemin, tout en acceptant de parfois faire face aux éléments et ce sans s’épuiser en essayant de lutter.

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EN QUELQUES MOTS

Ton plat préféré ?
Poulet sauce cacahuètes avec un riz à la noix de coco

Ton objectif de 2023 ?
Bien m’implanter sur Bordeaux et développer le Pays-Basque ainsi que La Rochelle

L’Oasis en un mot ?
Keep going (oups ça fait deux mots) !