Paul Doazan,
Développeur web
Peux-tu nous décrire ton activité et ta spécialité en tant que développeur ?
Je suis développeur web, ce qui signifie que je code des sites web et des applis, puisque d’un point de vue technique, les deux sont très proches dans les langages de programmation utilisés.
Dans le jargon, on distingue les développeur.se.s front-end, ceux qui vont coder/intégrer l’interface graphique du projet, la partie émergée de l’iceberg (les menus, boutons, pages, sous-pages etc. et toute la navigation nécessaire), et les développeur.se.s back-end, ceux qui vont coder la partie immergée de l’iceberg (tout ce qui va se passer côté serveur du projet : l’authentification, gestion des droits, sauvegarde des données au sein d’une base de données etc.). Souvent on se spécialise dans l’une ou l’autre branche. Ou pas, et on reste plus généraliste, on se considère ainsi comme développeur.se full-stack, ce qui est mon cas.
Si je devais pointer une de mes spécialités, ce serait l’animation web. C’est donc côté front-end, et cela consiste à créer des fragments d’interfaces riches en interactivité, des sortes de mini jeux-vidéos web. C’est ce que j’ai fait pendant 7 ans dans mon ancienne boîte Edumedia. C’était des cours en ligne pour l’enseignement des sciences en primaire/collège/lycée, ça ressemblait donc à du C’est Pas Sorcier en mini-jeux web.
Je me suis bien amusé, et puis ça m’a permis de réviser pas mal de choses, vous saviez que le niveau moyen en sciences des adultes français.e.s est équivalent au programme de 4ème ? Ce qui n’est pas illogique, on oublie vite ce qu’on n’utilise pas au quotidien.
Pourquoi as-tu décidé de te lancer dans cette activité ?
Avant d’être développeur, j’enseignais le Français au Lycée en Allemagne. J’avais bricolé quelques activités, des jeux pour faire parler les apprenant.e.s, certains sous forme papier, et d’autres étaient des PowerPoints. Mais j’étais vite limité niveau numérique, je pense notamment à un PowerPoint qui me permettait de faire un puzzle face caché de célébrités : à chaque réponse positive à une question bien formulée en français, je dévoilais une nouvelle pièce du puzzle sur mon tableau numérique. C’était mordant comme jeu, la classe participait à fond et certains élèves plutôt jemenfoutistes se prenaient vite au jeu également.
Face à ça, quand l’engouement est là, l’envie d’enrichir l’activité est forte. Et puis c’était long et fastidieux de faire les PowerPoints, du coup il me fallait développer une appli. C’était en 2013, il y avait une mode autour des apps, et j’étais curieux de tout ça. J’étais d’autant plus fasciné par la programmation que je n’y connaissais strictement rien, pour moi tout ça c’était des caractères imbuvables, comme on en voit dans Matrix ! J’ai trouvé un BTS informatique au CNED, ce n’était pas cher et je pouvais suivre ma formation depuis l’Allemagne en parallèle de mon travail.
Quand je suis rentré en France passer mon diplôme, Pôle-emploi m’a ensuite trouvé mon premier boulot à Edumedia, la boîte qui crée des animations pour l’enseignement des sciences. C’était assez proche de ce que je cherchais à faire pour l’enseignement des langues. Du point de vue informatique, j’y ai tout appris, et j’ai fait de chouettes rencontres. Finalement, je suis resté 7 ans avec eux et je n’ai jamais pris le temps de développer mon puzzle linguistique des célébrités !
Quel est ton statut, et quels sont les avantages et les inconvénients de ce statut pour toi ?
Actuellement je suis auto-entrepreneur. Le plus grand avantage à cela, c’est la maîtrise de mon emploi du temps. Je peux décider de récupérer mes enfants plus tôt à l’école et rattraper mon temps de travail le soir, je peux m’organiser des semaines très chargées tout comme m’accorder des semaines sans même toucher à mon ordinateur. Je ne parlerais pas de liberté, car on a toujours les contraintes de rendre des comptes directement au client, mais c’est une vraie souplesse de travail.
Ensuite, d’un point de vue programmation, l’auto-entreprise me permet d’avoir différents clients, et donc de varier les plaisirs en termes de travail, de basculer entre missions courtes et longues missions etc.
L’inconvénient principal c’est qu’on n’a moins de visibilité sur l’avenir, parfois plusieurs mois passent et aucune nouvelle prestation à l’horizon. Le prix facturé doit tenir compte de ces temps morts, ça signifie qu’il faut épargner pour sa sécurité de l’emploi, idem pour anticiper la retraite, payer sa propre mutuelle…
Un autre inconvénient c’est qu’on perd le plaisir du travail d’équipe, lorsque tout le monde est embarqué vers un même objectif et qu’on crée une réelle émulation du groupe : partage des compétences, discussion constructive, quand on a un problème on peut en faire part à un collègue etc. D’ailleurs, je n’exclus pas de retourner au salariat, ça dépendra beaucoup du projet porté par le.a recruteur.se.
Comment pressens-tu l’avenir des développeurs avec l’apparition des dernières avancées technologiques comme l’IA?
Ce sujet me fascine autant qu’il m’effraie. C’est une question que me posent beaucoup mes étudiant.e.s, et c’est normal car on a le sentiment que certains métiers vont disparaître. C’est dur de se prononcer sur l’IA, je ne suis vraiment pas spécialiste en la matière. Ce que je constate autour de moi dans les métiers du développement, c’est que l’IA est un outil de plus en plus performant au service du.de la développeur.se.
Actuellement, elle ne remplace pas vraiment des postes au sein des entreprises, mais elle va certainement devenir incontournable prochainement… Tout comme un.e développeur.se ne se voit pas travailler sans faire de recherche sur Google ou autre moteur de recherche performant, et pourtant, dans les années 2000 le développement se faisait sans, aujourd’hui c’est inenvisageable.
Tu es à l’Oasis depuis plusieurs mois maintenant, pourquoi t’es-tu tourné vers le coworking comme lieu de travail ?
J’aime bien travailler chez moi le soir, j’apprécie la concentration qu’apporte la nuit tombante (même si passée une certaine heure, tout ce que je code est bon à jeter le lendemain). Pour autant, mon foyer reste un second lieu de travail, il est un complément à l’espace de coworking.
Je considère réellement le coworking comme mon lieu principal de travail. Dans mon organisation, j’ai besoin de séparer ce qui relève du privé de ce qui concerne le professionnel. Sans cela, je suis moins concentré au travail, et a contrario, j’ai du mal à décrocher le week-end car certains problèmes non résolus me trottent inlassablement dans la tête. Jongler entre le professionnel et la sphère personnelle n’est pas toujours évident, surtout en freelance, et attribuer un lieu à chacun m’aide à rythmer mon quotidien.
En plus de cela, l’Oasis est très convivial, on y fait de belles rencontres. C’est toujours agréable de manger ensemble et de partager nos horizons professionnels pourtant bien différents. L’entre-soi professionnel c’est sympa un temps, mais passés quelques jours c’est vite lassant de faire des blagues de développeurs à longueur de journée (attention, j’adore l’humour des devs), côtoyer d’autres métiers, c’est sortir un peu de sa zone de confort, c’est enrichissant.
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EN QUELQUES MOTS
Ton appli préférée ?
Il y en a plusieurs, mais celle qui revient sans cesse c’est Anki. Un système de paquets de carte recto-verso pour organiser ses révisions, peu importe le sujet.
Ton langage de programmation de prédilection ?
Javascript, par la force des choses et les opportunités qui se sont présentées à moi.
L’Oasis Wave en un mot ?
Bienveillance.